C’est formidable qu’après 40 ans, il y ait eu une initiative visant à ne pas qualifier de maladie le temps supplémentaire nécessaire en période de deuil, mais à créer des jours supplémentaires de congé de deuil. En même temps, il est triste qu’après 40 ans, la seule chose envisagée soit quelques jours supplémentaires. - Bram Coussement, CEO Sereni
Connaissances, Deuil, Spécial
En allongeant le congé de deuil de trois à dix jours, le gouvernement se débarrasse un peu trop facilement du problème social majeur que pose le deuil. Dans notre société, notre approche du deuil est erronée. Tout d’abord, un décès plonge les proches parents dans un imbroglio administratif contraignant pour s’occuper de toutes les formalités. Ensuite, les soins funéraires et l’accompagnement du deuil ne font pas encore partie intégrante du secteur de la santé, même s’ils constituent une part importante des soins de santé au cours de la vie des gens (les plus proches parents). Enfin, le secteur de la santé a besoin d’une plus grande coopération entre les différentes professions de la santé et d’une formation appropriée en matière de soins funéraires et d’accompagnement du deuil. Ce n’est pas simplement en prolongeant de quelques jours le congé de deuil que nous y arriverons.
Photo © Marco Mertens.
La mort et le processus de deuil sont encore tabous dans notre société. Le Belge est en général assez réservé et n’aime pas parler de ses sentiments. Parce que nous refoulons souvent nos sentiments, nous prenons beaucoup de temps pour les accepter. Lorsqu’un être cher s’en va, il faut, chez de nombreuses personnes, des années, voire toute une vie, pour l’accepter. Est-ce que l’octroi de sept jours de deuil supplémentaires constitue vraiment une solution ? Je ne le pense pas. Ce n’est qu’en combinant plusieurs facteurs que nous pourrons mieux aborder le tabou et créer plus d’espace dans notre société pour permettre aux proches de faire leur deuil.
Un labyrinthe administratif pour les proches
Premier problème majeur : si vous perdez un être cher, vous ne subissez pas seulement un choc émotionnel, mais également des contraintes administratives. Après les obsèques ou la crémation, les proches doivent encore affronter une foule d’instances pour tout régler (pensez aux services de la commune, aux banques, à la caisse de retraite, etc.). Le gouvernement devrait mettre en place un guichet unique pour toutes ces questions administratives. Ces tracas administratifs sont bien souvent la dernière chose dont les proches souhaitent s’occuper après un décès. Tout régler après un décès devrait être aussi simple que d’enregistrer la naissance d’un enfant.
C’est formidable qu’après 40 ans, il y ait eu une initiative visant à ne pas qualifier de maladie le temps supplémentaire nécessaire en période de deuil, mais à créer des jours supplémentaires de congé de deuil. En même temps, il est triste qu’après 40 ans, la seule chose envisagée soit quelques jours supplémentaires.
CEO Sereni – Bram Coussement.
Manque de connaissances et de formation
Deuxièmement, il y a un manque de coopération et de connaissances parmi les différentes professions de la santé pour faire face à un décès, en particulier en ce qui concerne les soins aux proches. Infirmiers à domicile, personnels hospitaliers, personnels dans les maisons de repos : tous sont concernés. Et pourtant, nous recevons chaque semaine chez Sereni, entreprise funéraire, des dizaines d’appels d’aides-soignants qui veulent aider les proches d’un défunt et répondre à leurs questions, mais ne savent tout simplement pas comment procéder. Nous devons faire quelque chose à ce sujet !
Je souhaiterais donc que les soins funéraires et l’accompagnement du deuil soient davantage intégrés dans les formations en soins de santé au sein des hautes écoles et des universités. Il convient de développer une politique transversale dans laquelle chaque professionnel de santé qui est en contact avec les proches d’un défunt sache ce qu’il peut ou doit faire. Et pourquoi ne pas enfin intégrer les soins funéraires et l’accompagnement du deuil dans le secteur de la santé ? Nous aussi, nous assurons des soins pendant la vie des gens.
En bref : si nous voulons que notre société apprenne à mieux s’occuper des personnes endeuillées après un décès, et de manière plus humaine et plus personnelle, il ne suffira pas d’octroyer quelques jours de congé de deuil supplémentaires. Le gouvernement doit également simplifier l’écheveau administratif qui succède actuellement à la perte d’un être cher, investir dans une politique inclusive où l’accompagnement du deuil est intégré dans le secteur des soins et développer un cadre général permettant de partager encore plus et encore mieux les connaissances en matière de funérailles avec tous ceux qui s’occupent des proches, avant ou après un décès.